Culpabilité vs. responsabilité : assumer pleinement son pouvoir d'engendrement
La culpabilité est un état présent chez beaucoup de personne, parfois inconsciemment ou de manière détournée. Se sentir coupable, ou redevable de quelque chose. Cela peut prendre différentes forme: ne pas oser dire non, regretter, s'en vouloir, se pousser à bout car on ne mérite pas ou bien l'on doit prouver que l'on mérite telle ou telle chose, que d'emblée ce n'est pas possible, qu'on a sûrement commis une grosse erreur, il faut monneyer, si je recois je dois donner, je me flagelle. Dans tous les cas, il s'agit de se positionner en victime: je subis, je l'ai mérité, c'est ainsi.
Que vient donc faire la responsibilité dans tous cela?
Et si au lieu de culpabiliser, j'acceptais? Et si au lieu de m'en vouloir, je prenais la responsabilité de ce que la vie a engendré à travers moi, de ce qui me traverse en cet instant ? Et si j'acceptais totalement ce pouvoir d'engendrement? Car regretter et me rendre coupable, c'est vouloir que ce que j'ai créé soit autrement. Je suis donc dans un refus total de l'instant et de ce qui est présemment devant moi. Je n'en assume pas la responsabilité. J'ai eu l'élan d'agir ainsi, je les fais et n'en endosse pas par la suite les effets engendrés. Je ne prends pas l'entière responsabilité de la vie telle qu'elle se présente à moi et pense qu'elle devrait être différente , pense qu'elle serait certainement mieux autrement. Je refuse et je lutte.
Prenons l'exemple d'une personne âgée qui n'arriverait plus à être autonome dans les gestes du quotidien: s'habiller, se faire à manger, fermer ses volets. Elle se voit obliger de mettre en place tout un dispositif d'aide et cela demande une grande organisation et beaucoup de présence de la part de ses enfants. Cette personne âgée commence alors à culpabiliser: je leur donne beaucoup de travailler, je les embête, ils doivent être fatigués de moi, je les ennuie, prends de leur temps, etc. Et si au lieu de cela, elle prenait la responsabilité de la vie qui s'exprime à travers elle, si elle assumait pleinement ce qu'engendre cette expression: oui, je suis une personne âgée, mon corps ne répond plus tout à fait, je ne peux plus effectuer certains de mes gestes et j'ai besoin d'aide.
Finalement, se culpabiliser serait comme faire un pas en avant et vouloir en faire 2 en arrière, oser puis soudainement renoncer, commencer et ne jamais terminer, voir vouloir revenir au point de départ. C'est refuser sa pleine puissance d'être, ce je suis et par mon existence mon influence au monde, à mon environnement: j'ai un impact dans cette vie, je m'y exprime. C'est refusé la vie à travers la vie que je suis.
En reprenant mon exemple de personne âgée, si celle ci acceptait sa condition et son impuissance dans ce qu'elle est dans l'instant et l'impact qu'elle engendre dans son environnement, elle pourrait alors être totalement présente à celui ci et profiter de ce qui va en découler. La vie ne crée jamais pour rien, il y a toujours un cadeau derrière. Ici, pourquoi pas la présence authentique à ses enfants, la possibilité de se connaître autrement, d'imaginer une facon d'être ensemble différente, peut-être de réparer le lien existant ou d'en créer un nouveau : une intimité avec de l'attention et de la bienveillance. Dans sa culpabilité et ce retour contre elle même, elle se coupe du présent et empêche alors le véritable cadeau d'émerger. Elle s'en veut, se sent en agacée d'elle même et cette agacement déborde d'elle vers ses enfants.
La culpabilité peut donc être percue comme un refus de son pouvoir, du pouvoir que ma présence engendre dans ma vie et mon environnement , un refus de ma pleine souveraineté intérieure: j'agis ainsi ou ma présence au monde entraîne ceci, et cela a des conséquences, quelle qu'elles soient. Cela ne veut pas dire qu'après coup on ne puisse pas se rendre compte que ce n'était peut-être pas la bonne solution ou réponse, mais est ce que se morfondre et se flageler permet de changer et de désamorcer ce qui a déjà été engendré? La réponse est non, à part se faire du mal et se couper, se séparer de ce qui est. Par contre, prendre l'entière responsabilité de son engendrement, même jugé mauvais, et accepter la réponse de la vie à celui ci , même inadéquate, permet d'être vraiment à l'écoute de ce qui se joue dans l'instant puis d'éventuellement de poser un acte, un état d'être qui permettra d'engendrer différemment et pourquoi pas de modifier dans une autre direction.
Et quand cet élan se manisfeste dans la pleine puissance de son être, en lien avec son essence, en connection avec le sacré de la vie en chacun, ce plein pouvoir, cette souvereineté, dans sa globalité et sa spontanéité, cela revient à accepter sa lumière et briller: je ne suis plus victime de la vie, je suis la vie, elle s'exprime à travers moi. J'en suis le précieux serviteur et le précieux témoin, même si parfois j'ai l'impression que je n'aurais pas dû ou je me demande pourquoi j'ai réagi ou fait ainsi: J'accepte cet élan et je suis capable de voir derrière le cadeau de l'instant d'après , ce qui émerge et se créer par la suite. Je peux y être présent totalement et prendre conscience qu'il n'aurait pu être autrement, que rien n'aurait pas pu émerger sans cette première action. Tout est juste, tout est parfait. Même si je ne le vois pas encore. J'écoute et reste présent pour que se dévoile le cadeau de cet engendrement.