Guider les adolescents vers la conscience de leur corps

Guider les adolescents vers la conscience de leur corps

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J'ai reçu en séance un adolescent de 14 ans. Un vrai mal-être et une sorte d'effacement émanait de sa posture. Et pourtant, quand je lui demande comment il se sent, il ne sait pas répondre. Il me dit seulement qu'il n'aime pas voir ses parents ne jamais être d'accord et qu'il n'est pas toujours motivé à faire ses devoirs. Il s'agit de choses extérieures à lui même, ça ne répond pas à la question.

Je lui demande alors comment il se sent par rapport à ça (triste, en colère, anxieux, etc.). Impossible pour lui de dire quoi que ce soit.

A la fin, je l'interroge sur comment il se sent suite à la séance, il me dit "bien". Mais impossible de m'expliciter ce que signifie ce "bien" (Détendu ? Apaisé ? Content ? Joyeux ? En paix?).

Il y a certainement une part de timidité. Mais pour peu, je le vois qui cherche vraiment, des sensations, des mots. Il y a comme un bouton "mute", rien ne sort, il n'a aucun accès. Comme si c'était la première fois qu'on lui demandait. Comme un exercice qu'il ́aurait jamais fait.

Je suis souvent choquée par le manque de conscience que les adolescents ont de leur corps, par le manque de conscience qu'ils ont de leur paysage intérieur, de leur monde émotionnel. Je suis chagrinée de leur maque de vocabulaire à ce sujet.

Bien sûr ce n'est pas leur faute. Cela dénote juste combien cette question est absente de leur vie. Leur demande t on jamais, à l'école, à la maison ? Y a t il dans leur vie l'espace et la disponibilité nécessaire à leur réponse ? Un interlocuteur attentif ? Ont il eu cet exemple ?

L'absence de conscience de leur intériorité, de simplement ce qui se passe dans leur corps, crée des adolescents complètement déconnectés de leurs sensations, donc de leurs besoins, émotions, ce qui les empêche de se comprendre. Et de comprendre l'autre.

L'inconnu fait peur et veut être éviter.

Pourquoi est ce important d'avoir conscience de ce qui se passe dans son monde intérieur et de pouvoir le nommer ? Pour rester avec ce qui est sans peur et en sécurité. Pour ne pas être obligé de fuir dès qu'on ressent quelque chose qu'on ne connaît pas, qui nous met mal à l'aise. Et ainsi au future adulte d'éviter toute forme d'addiction (l'addiction est toujours en lien avec quelque chose que l'on fuit, souvent soi, un ressenti, une émotion). C'est donc la meilleure prévention contre l'addiction. C'est la meilleure façon d'être en lien avec le présent, le banal, les hauts et les bas. La vie qui nous traverse. Et pouvoir s'y ajuster le plus finement possible, avec un repère concret : ce que je sens et ressens. Être connecté à soi et à l'autre.

Plus les enfants apprendrons tôt à mettre des mots et à se connecter à eux-mêmes, plus ils seront en lien avec leur vie, ce qui fait sens pour eux, ce dont ils ont envie, plus ils seront à même de communiquer leurs ressentis et leurs besoins, plus ils pourront être en lien avec les autres, plus leur vie sera épanouissante. Plus ils trouveront leur raison d'être et leur pourquoi.

Permettez à vos enfants, adolescents de se tourner de temps en temps vers eux-mêmes, des temps d'introspection ou de discussions ensemble, créez des espaces plus vulnérables où chacun peut s'exprimer en sécurité, sans peur d'être jugé. Cela ne pourra qu'être bénéfique à leur future vie d'adulte.

Coline

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