HP, hypersensible, zèbre... ou l'urgence de se reconnecter à la vie
Il était une fois un nouveau né naît prématurement par césarienne car lui et sa maman risquait un grand danger. Si petit et si fragile, il fût dans l'obligation d'être mis en couveuse, loin de ses parents.
Imaginez vous débarquant dans un monde inconnu, sorti de force de la matrice protectrice maternelle, englobante et sécurisante, où les besoins sont instantanément comblés. Imaginez vous bébé passant d'un milieu aquatique à un milieu soumis à la pesanteur, arrivant dans un monde vaste et étranger. Imaginez la grandeur du besoin de sécurité et de lien avec la mère dont il vient. Le peau à peau, le contact, l'odeur, la présence de la mère ou du père est primordial pour créer un environement secure à l'enfant qui vient de naître.
Revenons à notre prématuré.
Le voilà en couveuse, loin de tout contact aimant et sécurisant. Le voilà, livré à lui même d'un coup, d'emblée. La terreur l'aissaillit, il n'a plus aucun repère. Où suis je ? Comment subvenir à mes besoins ? Où vais je ? Que fais je là ? Où est maman, papa? Terrifié, sans aucun moyen de se rassurer, il est submergé par sa peur qu'il n'arrive pas à calmer. Son corps est alors inondé d'hormones de stress. Arrivée à saturation de ses recepteurs, l'amygdale rentre en mode sidération: figement total, plus de sensation, plus de ressenti, trou noir (phénomène courant des victimes de viol et de grands stress en général, le corps et la pensée sont comme anesthésiés. On le voit également chez les animaux, techniques de survie face au prédateur en se faisant passer pour mort). Survient alors un vide sidéral: tout est froid, glacé, sans vie. Suis je mort? J'étais submergé de sensations, de ressentis et tout à coup plus rien!! Vite vite vite il faut faire quelque chose, c'est insoutenable, et si je restais ainsi pour toujours? Il faut vite créer quelque chose, remplir cet espace, ressentir encore plus, construire du lien, encore plus. Et au lieu de rester avec ce figment quelque temps pour que le niveau d'hormones redescendent et le stress parte ; parce que ce stress est continu et rien n'est là pour sécuriser le prématuré ; croyant dur comme fer en cet état de mort permanent et ne pouvant attendre son défigment dans le temps ; notre prématuré va créer de nouvelles connections neuronales pour compenser le manque de lien, de nouveaux recepteurs ou des recepteurs plus fins, pour ressentir à nouveau, plus profondement, plus intensément, il va se remplir d'images, de pensées qui arriveront à 300 à l'heure, d'idées qui s'enchaineront sans fin en arborescence, de sensations qui le submergeront, d'émotions qui seront déculplées, pour ne plus jamais jamais ressentir ce vide sidéral. Il se remplira encore et encore, coupant définitivement avec ce vide, et donc ce lien à lui-même.
Alors quand il retrouvera enfin la sécurité, il sentira 10 fois plus, il connectera 15 fois plus, il aura d'intenses sensations, émotions, sera sensible comme jamais. Il sera diagnostique enfant atypique, haut potentiel, hyper sensible, zèbre, etc. Et effectivement, il ressentira tout plus fort, il sera capable de faire et de créer des choses extraordianaires, il aura un imagination incroyable, une sensibilité extrême. Mais il sera également profondément malheureux car dépourvu de sens, de lien, de lien avec lui même et sa source de vie. Il sera sans confiance en lui, se sentira en insécurité car il aura définitivement coupé avec son intériorité qui lui fait peur.
Pour retrouver ce sens, ce lien avec lui et la vie, il lui faudra recontacter avec ce vide sidéral qu'il a tant fui. Non que ce vide sidéral soit ce sens mais ce vide était à l'époque ce lien à lui, à sa source de vie, qui a réagit à son environnement comme il se présentait dans l'instant. Et cet espace, ce lien vivant est complètement silencieux, paisible, calme. Ce qui risque terriblement de le reconfronter á ce vide sidéral, par sa similitude.
Inconcevable ! Ce que j'ai tant fui et qui a été synonyme de mort ne peut pas être ce que je suis réellement, ce lien profond à la vie. Impossible! Et pourtant cet espace en lui, bien que calme et siliencieux, est rempli d'une affectueuse présence, d'une sécurité immuable et d'un amour infini, ce qu'il cherche depuis toujours. Ce lien à lui, ce contact pure et brute avec la vie, ce qui donne sens à sa vie. Et finalement en se croyant rejeter par elle, il s'est rejeté lui-même en créant une montagne, un encombrement gigantesque de milliers de ressentis, de pensées, d'idées, de désirs ardentes entre son essence et ce qu'il peut percevoir de lui-même. Cela l'empêche alors d'avoir accès à l'essentiel: son intériorité. En voulant absolument retrouver un lien à extérieur de lui-même, il a coupé l'accès à son essentiel et en est terrifié.
Le chemin sera difficile, il lui faudra beaucoup de courage pour à nouveau se confronter à quelque chose d'équivalent à ce qu'il a toujours fui: la paix intérieur, le silence des profondeurs d'où émerge sens et intuition, la connection avec le tout et la sécurité viscérale. Il lui faudra lâcher ce mental, ce personnage qui a cru le sauver à coup d'inondation de stimili. Il faudra que tout son schéma de rejet et de fuite s'éffondre, il faudra qu'il en fasse le deuil. Pour pouvoir constater que la vie ne l'a jamais abandonné ni rejeté, qu'il s'est lui même coupé d'elle et se retrouve ainsi perdu, esclave de ce qui l'a à epoque sauvé: un bouillonnement intérieur dépourvu de sens, trop intense, devenu incontrôlable.
PS: il s'agit d'une lecture possible, loin de moi l'idée de dire que cela est valable pour tous les enfants atypiques. Mais il est intéressant de regarder dans son histoire où le lien avec soi et la source de la vie a été coupé. Que ce soit césarienne, naissance prématuré, évènement traumatique, etc. C'est généralement un mécansme de survie mis en place très tôt lors de la vie intra utérine ou les premières années de vie. Un enfant hypersensible ou HP est souvent un enfant dans une profonde insécurité, ressentant tout en décuplé avec un intelligence intense, des connections dans tous les sens. Il s'agite, car c'est comme une grosse boule noire dont il voudrait se débarasser, sans fin. Et souvent c'est le sens qui lui manque. Il comprend tout, saisi tout, mais n'y trouve aucun sens. Se remplit encore, multiplie les ressentis et les sensations, devient victime du mécanisme qu'il a lui même mis en place. Cela est devenu sa facon d'être en vie, d'être vivant. Mais en fond de lui, c'est ce lien avec lui et la vie qui lui manque et avec lequel il est fondamentalement déconnecté. Bien sûr les connections neuronales et les recepteurs seront toujours là une fois ce lien retrouvé. Mais cette effervescence ne créra plus de déconnection, elle sera au contraire au service du sens, du lien intime avec la vie, secure, pérenne, silencieux. Et cela devient alors un véritable cadeau !
Globalement, même si parfois c'est rassurant de mettre des mots et de se faire diagnostiquer, je conseillerai de ne pas se laisser enfermer dans des étiquettes. Non cela ne nous définie pas, non nous ne somme pas comme ca ou né comme ceci, tout peut changer, tout est possible. C'est une hypersensible certainement HP qui écrit ainsi. Retrouver ce lien intime en moi à changer ma vie.