La vulnérabilité. Et si là résidait toute notre force ?
Éparpillés, nous sommes à mille et un lieux à la fois. Un bout à ceci, un autre à cela, à l'extérieur de Soi. Calfeutrés par des couches et masques, des barrières et mises à distance, nous nous protègeons et nous protègeons nos blessures en les mettant parfois à des kilomètres comme pour être certain de ne plus jamais les rouvrir, de ne plus jamais les revivre. Mais nous avons perdu cette force de cohésion, d'union, de la présence de tout notre être entier et rassemblé. Bancals alors, nous nous retrouvons soit à moitié absent à l'instant, soit comme une armée de soldats autour de notre tour intérieure prêt à tout pour éviter l'intrusion de l'ennemi : sur la défensive excessive, en mode survie, n'en sortira rien, et rien n'y rentrera non plus.
Rapatrier ses parts blessés, dites d'ombre, au plus près, c'est effectivement une menace permanente d'être touché, à nouveau, encore une fois. C'est également une force incroyable, de se sentir unifié dans l'unité, aligné dans l'instant, parfaitement, avec soi, avec la vie en soi, avec ce qui est vivant dans cette tour que nous protègeons vertueusement, fidèlement mais qui ne vit plus, depuis longtemps. C'est le propre d'être réellement incarné , avec son risque certain d'être blessé, ou pas, ou plus, mais également de pouvoir rebondir rapidement, instantanément, amoureusement, dans la justesse du moment, avec l'élan de l'être rassemblé et toutes les forces qui le composent, l'infinité des possibles qui le traversent, le champ (chant) de la vie qui le guide au delà de toute attente, projection, construction mentale. Être un avec le Un. Vivre la synergie de l'unité, sa force qui est capable de tout transcender.
Notre vulnérabilité. Une force authentique et pure. D'être. Au plus près de Soi, de ce qui nous traverse, de notre réponse, de sa conséquence et de notre pouvoir d'engendrement. De l'autre aussi, en face, qui en fait partie.
Coline Cornefert