Mère' veilleuses
A toutes les femmes de la terre, à tous les Hommes de l'univers; toi femme qui fait naître l'humanité, qui crée un être au cœur de ta chair; toi mère qui a cet honneur d'accueillir la vie en ton sein, cette étincelle de divin, cette émanation de la source, cet impulsion d'infinitude dans le fini, l'incarnation de cette âme dans la matière qui partagera 9 mois dans ton corps et sa vie dans ton cœur; toi femme qui lui ouvrira les bras pour la première fois, qui accouchera de sa création; tu sais également dès la première seconde qui tu devras lui donner des ailes pour voler, lui rendre cette liberté, que c'est ce chemin qui débute pour lui, devenir sa propre personne, tracer sa propre voie afin de se détacher de toi.
Là est tout l'art de la filiation, donner naissance une expansion, ne pas retenir, être comme une base d'atterrissage, comme un tremplin, aiguiller sans aiguiser, insuffler sans étouffer, échafauder dans faire tomber. Être là et accepter. Accepter le choix, le chemin, le cheminement, que sa chair devient un être humain.
Cet enjeu du jeu subtile toutes les mères y sont confrontées. 2 femmes mère'veilleuses, une doula, Karma Mamas, et une professeur de yoga, le Palais Savant, toutes 2 mamans, y mettent leur mots et narrent de leur expérience ces 2 instants cruciaux de la vie de tous êtres humains. Un pont comme une reliance.
Magnificence et magie.
Par Karma Mamas, expérience de doula:
"Ce moment où c’est le papa qui appelle, et pas la maman que l’on accompagne. Ce moment où il dit, un soleil dans la bouche, « là elle accouche, la sage-femme arrive, tu peux venir ». Ce moment où le cœur des doulas accélère sa course, où l’on dit au revoir à nos propres petits, où l’on monte dans la voiture, où l’on ne sait pas si l’on part pour 3 heures ou pour 30. Ce moment où l’on voudrait voler sur le trajet, où l’on sait qu’il faut s’ancrer au maximum. Se grounder. Ralentir notre excitation, tout en étant vive, rapide, présente. On gare la voiture. On approche de la maison. On frappe à la porte. Personne ne répond. On entend les cris de la maman. On entre sans attendre la permission. On pose (jette) nos affaires. On les rejoint. Ce moment où l’on croise le regard de la femme qu’on accompagne depuis des mois, et qui enfante maintenant. La joie, l’excitation, la peur, la fierté, les questions, la confiance. La présence mutuelle. « C’est maintenant ». Ce moment où l’on s’accroupit avec elle, où elle tient nos épaules, où l’on s’ancre l’une à l’autre, et où malgré toute la force physique de cette étreinte, on sait qu’on ne peut pas la rejoindre. On sait qu’elle va le faire -seule, même si elle ne le sait pas encore, elle. Ce moment du cri, du rugissement, ce moment où l’on voit poindre comme le plus grand miracle du monde, toujours unique, toujours absolument merveilleux, un petit humain venu du corps de sa mère. La tête émerge du vagin. Le bébé est là, nous voyons déjà son nez, sa bouche, ses yeux encore fermés, et tout en lui est incroyable et mystérieux. Entre deux mondes. La mère prend une pause. Et dans un nouvel élan magistral, elle dévoile avec toute sa puissance et sa magie de femme, le corps de son enfant. Ce moment où cette femme-là, que tu accompagnes depuis des mois, saisi le petit corps qui sort d’elle et dit : « mon bébé, mon bébé, mon bébé ». Voilà."
Par le Palais Savant, experience de maman :
" Je viens à peine de réaliser ce que représente d’écrire mon livre. C’est quitter la tribu. Aujourd’hui, j'en apprenais plus sur le processus de quitter la tribu. Par tribu j'entends tous les groupes où on appartient, sa famille, ses amis. Et par quitter je n'entends pas forcément partir mais devenir sa propre personne. Dans cette conversation, l’oratrice conseillait de choisir LA personne de votre famille, vivante ou morte, que vous devriez décevoir pour pouvoir être vous-même. Qui est cette personne pour vous ? Et de lui écrire une lettre (que vous n’enverrez jamais) lui disant que vous la laissez tomber. Et ensuite d’écrire, vous-même aussi, sa réponse. En imaginant la réponse la plus belle qu’elle pourrait vous écrire. Avec des choses comme « Oui, je n’attendais que ça, que tu m'abandonnes et que tu ailles vivre ta vie. Que tu sois la personne que tu es vraiment. Libère toi ». J’écoutais ça et quelque chose en moi a cédé. Comme un barrage. Des larmes et des larmes se sont mises à couler sans discontinuer. Je viens à peine de réaliser que je viens d’écrire ce livre. Et qu’écrire ce livre c’est quitter la tribu. Dans ce livre je coupe avec la fille obéissante que je voulais être pour mes parents, pour devenir la femme que je suis vraiment. C’est un livre sur la femme et la maternité. La famille, l’appartenance et oser réinventer tout pour affirmer « Ça c’est moi ». Parce que voici la partie importante : au niveau de l’âme, personne ne coupe jamais avec personne. Au niveau de l’âme, quand on enlève l’ego, la culture, le drame, la seule chose que nos yeux veulent dire aux yeux des autres c’est : Libère toi. C’est quelque chose, d’aimer les autres et de devoir - en même temps - rompre avec eux pour vivre. Mon fils Léon sèche la larme qui coule sur ma joue, je le regarde dans ses beaux yeux gris-verts et une pensée me traverse : toi aussi, un jour tu devras rompre avec moi pour être ta propre personne. Et on se regarde profondément comme ça, yeux dans les yeux, pendant quelques longues secondes. Âme dans l’âme.
J’espère que quand ce jour viendra je te dirai : Je t’aime, mon bébé. Sois libre."
Silence multicolore, la source aime les êtres libres ♥️