La croyance du non-méritant
Aimer pour rien, donner dans un élan pur qui n'attend rien.
L'autre a souvent du mal à recevoir cela, on lui a tellement appris qu'on attendait de lui une contrepartie qu'il devra tôt ou tard payer, comme une manipulation cachée, un monnayage dissimulé. Qu'il devait le mériter, le prouver en ayant fait quelque chose de particulier. Certainement pas pour rien. Si je ne fais rien, je ne suis rien, comment puis je recevoir ?
Recevoir c'est accepter d'être aimé.
Recevoir pour rien c'est accepter d'être aimé pour rien.
Et quand on a toujours été aimé pour quelque chose, cela devient suspicieux. Que va t on exiger de moi en retour ?
Et quand on a toujours été aimé pour quelque chose, on a bien intégré qu'on ne pouvait l'être pour rien, que ce qu'on est sans rien ajouter n'est certainement pas aimable en soi.
"Tu auras un bonbon si tu es sage", comprendre: "je ne suis aimé que lorsque je suis sage, on me donne sous condition, être sage, si je suis sage, je mérite l'amour. Pas pour rien, pas tel que je suis réellement, pas tel que je suis entièrement". Tel que je suis, je ne suis pas méritant, je dois m'acheter, me racheter.
Puis je alors recevoir pour rien? Inconcevable ! Le recevoir devient inconfortable, fait même peur (qui est donc cette personne en moi qui mériterait ?!) et on le fuit.
Donner, ça ça vient de soi on peut toujours le contrôler. Donner est une valeur noble, du don de soi, on ne pourra me le reprocher. Donner permet de se sentir méritant d'un recevoir qu'on s'autorisera finalement jamais à accepter.
Non méritant, comme on m'a fait comprendre de ce que je suis sans faire, je dois sans cesse prouver le contraire en donnant uniquement. Donnant, donnant, donnant, je ne donnerais jamais assez pour racheter le non méritant que je suis né. Et le serions nous un jour, assez méritant ?
En réalité, adulte, quel est le risque de recevoir ? Quel est le risque de se laisser aller à être aimé ? De ne plus voir sa croyance de non méritant se confirmer ? De sortir du tout petit de son être, de son insignifiance ? De prendre la responsabilité de sa lumière, d'exister entièrement? De voir que oui on mérite et même beaucoup et même pour rien ? Quoi toute ma vie j'ai cru cela et j'ai fonctionné ainsi et c'était une fourberie ? Tout ce sur quoi je me suis bâti était donc totalement faux ? Tout ce que je me suis refusé de recevoir je le méritais bien ? Tout ce que je me suis obligé à donner était donc vain ? Voilà une révélation qui fait vaciller l'ego, toute la personne sur laquelle je me suis construit. Tout est remis en question.
Que se passerait il si je m'ouvrais au recevoir ? Si je choisissais d'abandonner toute croyance sur moi ? Si je laissais enfin la vie me toucher, m'aimer ?
J'ai un élan spontané vers l'autre, s'il le reçoit, quel cadeau il fait à la vie !
Quand il le refuse, il coupe l'élan de la vie vers lui, et bloque la libre circulation de l'énergie. Il bloque le donner de l'autre. Un recevoir bloqué est un donné bloqué, un recevoir accepté est un cadeau pour la vie où tout circule en permanence. Il donne ainsi à l'autre son recevoir.
Et quand je sors de ma croyance de non méritant qui doit se racheter, je peux également donner pour rien, sans obligation, dans un élan pur qui ne doit rien.
Une boucle magnifique !
PS1: cela ne ne veut pas dire qu'il faut tout recevoir tout le temps, il est ici question de la croyance de ne pas mériter. Le reste se fait dans l'élan de l'instant, ou pas. Tout est libre.
PS2: ce mécanisme peut se décliner dans tous types de donner/recevoir
PS3 : ceci n'a pas valeur de vérité absolue, c'est de moi dont je parle avant tout, et de la compréhension que j'en ai eu lorsque que j'ai enfin ouvert. Cette frousse de recevoir, je la connais, j'ai même saboté une relation de ce fait. J'espère que ça pourra éclairer certain-e-s.