Entrer pleinement dans la vie
Actuellement, on entend tout et son contraire. Certaines instances autorisent, d'autres pas; certains sont autorisés, d'autres ne le sont pas; pour certains c'est dangereux, pour d'autres ce ne l'est pas; d'aprés certains la situation est grave, d'aprés d'autres pas.
Dans ce fourbi décisionnel, on ne sait plus sur quel pied danser, à quoi se fier, sur quoi s'appuyer.
Et si tout cela était alors un appel à être notre propre figure d'autorité? Et si la vie nous indiquait que présamment il n'y avait plus personne pour se prononcer à notre place? Si l'univers nous invitait alors à faire nos choix et à découvrir les consèquenses de nos comportements ?
Je sens un grand désordre et une énorme appréhension comme un enfant lâché d'un coup par ses parents.
Je sens à la fois l'exaspération d'être encore soumis à une autorité extérieure qui n'a plus de sens, et en même temps une peur visérale de cette inconnue qu'est la vie. Je suis libérée mais je ne sais pas dans quelle direction aller, dans cette immensité comment me guider?
Être sous le joug de quelqu'un est simple, la responsabilité ne nous appartient plus, elle appartient à celui dont nous dépendons. Simple mais tellement frustrant pour l'élan vivant !
Il s'agit ici non seulement de décider pour nous même mais aussi d'en assumer l'entière responsabilité, la responsabilité de ce qui sera engendrer. Il s'agit d'une responsabilité bien au delà de notre conscience mental. La responsabilité de l'expérience.
C'est devenir adulte et entrer pleinement dans la vie.
Alors que le premier confinement nous a amené à un retour vers l'interiorité, celui ci est l'invitation à embrasser notre puissance d'être, notre souveraineté. Ce que l'on désire le plus et ce qui nous fait également le plus peur. Car on ne nous a jamais appris cela, on ne nous a jamais incité à le faire. Enfant, nous nous adaptons, nous nous soumettons aux attentes de l'entourage. C'est un processus normal d'apprentissage pour être accepté de nos proches, répondant au besoin de soin, d'être nourrir, d'être aimé. Avons nous seulement remis en cause cette approbation, cette obéissance, cette subordination aux injonctions familiales et sociétales? A qui et à quoi devons nous rester fidèles? Trop habitué à être pris par la main, à devoir nous accorder, à être jugé quand nous faisons par nous-même et que cela ne convient pas, nous avons baissé les bras et remis notre pouvoir aux mains de l'autre. Nous avons coupé avec cet élan inné d'actions spontanées alignées à notre être. Cette écoute intérieure subtile, cette guidance inhérente à l'humain qui dans la joie nous propulse dans l'agissement juste du moment, comme le premier mouvement de l'enfant avant d'être conditionné. Nous ne savons plus, et nous sentons perdu dès que la main est d'un coup lâchée (ou plus tout aussi fermée).
Avoir notre propre pouvoir comme base, le pouvoir de la vie agissant sans entrave à travers nous. Passer en conscience de l'enfant victime soumis à l'adulte créateur explorateur de la vie. C'est avant tout une autorisation intérieure, une autorisation de la vie de l'intérieur. Se sentir parfaitement aligné avec, confiant et en sécurité. L'intuition peut alors être entendue et écoutée, sa guidance s'expérimenter dans la matière avec la sagesse et la joie du nouveau né qui ne sait, rien, n'anticipe, rien. De là une action sincère peut être posée.
Quel est le risque ? De ne plus rien contrôler. Attention, ce que nous imaginons contrôler est un leurre. Effectivement notre tête, notre mental ne contrôlera plus rien. La vie est par définition incontrôlable dans ce sens. Mais elle sait parfaitement ce qu'elle fait. Et cette écoute via votre intuition sera parfaitement vous guider. Ce ne sera pas forcément confortable mais ce sera ce qui est plus juste pour vous.
Quand la vie s'exprime avec authenticité, elle est inattendue, inconnue et spontanée. Voilà ce qui en fait sa puissante beauté.