Expérimenter la constante

Expérimenter la constante

vivre le questionnement

Une rupture, une faille énorme à l'intérieur de soi, un gouffre sans fin, les ténèbres. Ce jour, je crois, j'ai rencontré mes démons les plus profonds. Ceux que je mettais sous le tapis depuis trop longtemps, que j'évinçais inconsciemment. Que je pensais avoir réglé!

De la blessure du rejet à la négation la plus totale de mon être. De ma propre abnégation. De cette histoire à laquelle j'ai voulu croire. Histoire à laquelle j'avais tout donné: mon respect, mon intégrité, ma souveraineté. Que pouvait il m'arriver de pire? Comment cela aurait pu être pire? Il n'y avait plus rien, plus aucune raison, plus aucune logique, plus aucune retenu. Le néant. Arrivée au point zéro de non retour. La chute. Celle d'y avoir cru. Celle d'avoir cru à son histoire et au rôle qu'on a joué. Désillusion de soi. Le deuil de tout son personnage: celui auquel j'ai cru, pour lequel je me suis battue, par lequel j'avais tout sacrifié.

Et à cette seconde là j'ai compris tous les meurtriers du monde, tous les assassins, tous les terroristes. Et à cette seconde là j'ai compris tous les clochards, tous ces hommes qui ont atterris dans la rue parce-que-ma-femme m'a-quitté... Et à cette seconde là j'aurais pu tuer tous les humains de la terre, moi la première. Et à cette seconde là j'étais prête à tout quitter et à descendre dans la rue, à aller camper au pied du premier immeuble venu.

 

Et à cette seconde là également, tout a switché. Une immense compassion pour l'humanité m'a envahi. Au delà de bien et de mal, au delà de la personne et de tout jugement, au delà de ce que la tête peut appréhender: j'étais rendu au point le plus près de mon humanité, à la noirceur la plus intense de mon histoire. Je comprenais tout, j'embrassais tout. Toute cette souffrance, tous ces cris dans la nuit. Tout. J'aurais voulu prendre dans mes bras toute l'humanité! Des larmes coulaient. Jamais, jamais je ne l'avais touché au plus prêt. Comment ai je pu juger toutes ces années? Comment ai je pu condamner? Comment ai je pu séparer? De moi, des autres. Ces gens là, pourquoi font ils ça, qu'ils se reprennent donc! Comment ont ils pu en arriver là! Tout ça pour ça! Je me rappelle avoir condamné, minimisé, éloigné. A présent, j'englobais toute cette détresse pour l'avoir touché au plus près. C'était de l'amour désespéré, un cri d'amour d'agonie. De l''amour agonisant mais de l'amour. Tout, absolument tout, derrière toutes ces horreurs, tous ces crimes, toute cette déchéance, il y a un amour mal compris. De l'avoir touché au plus profond, d'avoir rencontré tous mes démons, d'avoir expérimenté la plus horrible des humanités m'a rempli de compassion, m'a transporté au delà de la dualité pour tout embrasser. Et je trouvais cela beau,tellement beau. Admirable, remarquable, incommensurable. Il y avait tellement de beauté et d'amour. Et un immense courage. Du plus bas, je me trouvais au plus haut. D'avoir touché l'abysse la plus profonde je me trouvais propulser dans les étoiles. Le bien et le mal n'existait plus. Il y avait seulement un gigantesque processus de transformation, de transmutation, où l'amour était sous tendu , sous tenait tout en arrière plan, il n'y avait plus aucune condamnation.

Pour rencontrer la lumière la plus vive, il faut rencontrer la noirceur la plus intense. L'intime persuasions que derrière nos plus grands drames, nos plus grandes blessures, nos plus grandes terreurs se trouvent les cadeaux les plus beaux, les plus lumineux , les plus belles rencontres avec soi même, avec l'humain. Transcender les ténèbres pour atteindre la lumière. J'ai compris enfin cette phrase! C'est exactement cela. Il n'y a pas de mal à évincer, il n'y a pas d'horreur à oublier, il n'y a pas de bons ou de mauvais, de condamnable de condamnés. Il n'y a que des Hommes expérimentant différents degré d'amour. Je suis ce meurtrier, je suis ce terroriste, je suis ce clochard. Je suis tout en même temps et une fois que je le reconnais, que je le rencontre en moi, je suis en paix, avec toute l'humanité.

Au sein de chaque événement, quel qu’en soit sa nature, au sein de chaque variable, il y a quelque chose de magnifique, qu'on appelle la constante, qui est au delà de l'espace et du temps. Qui se situe au dessus de l'apparente dualité. C'est de cette constance dont j'ai fait l'expérience, c'est d'elle dont je parle. Et malgré toutes les polarités, les dualités apparentes, se trouve le point centrale de la roue, qui observe et qui crée. Au delà, éternellement, point de réunion des rayons.

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