Ce vide plein contenant la vie
Agathe est venue me voir au cabinet car elle se sent perdue. Elle est en arrêt, son boulot ne lui convient plus. Cet arrêt l'oppresse, la non visibilité de son proche futur également.
Agathe veut tout prévoir, absolument tout. Le matin, elle se lève, fait des to do list pour sa journée, planifie sa semaine, ses soirées, tous ses week-ends sont bookés. Il n'y a pas un trou.
Le vide lui fait peur, terriblement. Elle le fuit.
Il ne faut pas un espace de vide dans sa vie.
Elle fuit ce vide qu'elle sent à l'intérieur d'elle-même. C'est comme un monstre, énorme, qui pourrait l'engloutir, l'envahir, prendre tout l'espace. Et ça surtout pas, elle le tient en laisse, le rempli, encore et encore, comme pour l'anesthésier.
Elle ne sait pas que ce vide est en fait plein, plein d'elle-même, de qui elle est vraiment. Que de le contacter, c'est renouer avec son essence, pure. Elle ne sait pas qu'en l'approchant ce vide est plein d'amour, d'elle. Qu'en le fuyant, elle se fuit.
Renouer avec ce vide est un challenge car c'est aussi renouer avec des sentiments, des émotions, des parts douloureuses, qui l'ont fait souffrir à un moment donné. C'est renouer avec sa vulnérabilité dont elle a peur, cette part vivante incontrôlable qui a tout moment peut être touchée, et fluctuer. Et ça, d'accueillir cela en elle donc de s'aimer entièrement, c'est un véritable danger, car cela signifie accepter de ne plus rien contrôler.
Alors je l'accompagne dans cette rencontre avec ce qu'il y a de plus précieux, ce vide plein, contenant la vie. Cela lui demande d'aller au delà de ses peurs, au delà de sa zone de confort, d'arrêter de remplir, de planifier, de faire des listes. Juste des journées de rien. D'aller marcher seule pour écouter la nature, silencieuse mais pleine de réponses.
Un gros challenge qui nécessite de s'apprivoiser.
Bravo à elle !
Coline